• Yolande Serrano

    Yolande SerranoC’était au mois d’août, en 2003. La journée avait débuté comme n’importe quelle journée d’été. Mon fils était sorti, j’étais seule à la maison, à m’occuper de choses et d’autres. Et puis voilà que je l’ai remarqué…

    Remarqué quoi ?
    C’était comme un silence dans ma tête. Oui : un silence frappant… Où étaient passées mes pensées ?... Il y avait cet espace, cet intervalle entre les pensées qui les faisait passer au second plan. Comme si elles ne m’appartenaient plus ou, en tout cas, n’avaient plus de pouvoir sur moi. Je sentais une légèreté, un bien-être, l’impression d’être en phase, connectée avec moi-même comme je ne l’avais jamais été. Connectée à quelque chose d’inexplicable, d’inexprimable : ce silence…
    Je me suis demandé ce qui m’arrivait. Et j’ai commencé d’observer.

    Et ?...

    Ce que je ressentais, c’était une modification de mon fonctionnement intérieur. À la vitesse de l’éclair, quelque chose m’était tombé dessus. Quelque chose que je n’avais pas vu arriver. Pas même s’installer. Et cette « chose » qu’aucun mot ne peut décrire avait pris le pouvoir sur tout.

    Tu n’as rien vu arriver ?

    Rien. Je n’ai pu que constater que tout était différent… Sur le moment, c’est ce silence qui m’a frappée. Dans les jours qui ont suivi, je me suis rendu compte que je ne vivais plus les choses comme avant. Les mille détails qui, dans une journée, m’agaçaient, une porte qui claque, les clefs qui disparaissent juste comme on s’apprête à sortir, une préoccupation ou une autre, tous ces micro-événements qui m’agaçaient en permanence sans même que je le remarque : tout ça ne me dérangeait plus. Je constatais : tiens, la porte est mal fermée, les clés ne sont pas dans ma poche… J’allais fermer la porte, je me mettais à chercher les clés… et je ne trouvais rien à y redire. Les choses étaient ce qu’elles étaient. Ma façon de les percevoir, d’y réagir, avait changé.

    Tu ne réagissais plus, en fait ?
    Voilà, je ne réagissais plus. Parce qu’il y avait ce silence, cette tranquillité qui était là, qui m’envahissait toute, et me laissait telle qu’était la situation.
    Les premiers temps, j’ai regardé ça toute seule, au fond de moi, en me demandant ce que ça pouvait bien être… Comme je venais de fêter mes 40 ans, je me suis dit : « c’est formidable d’arriver à 40 ans! je me sens enfin en phase avec moi-même! je me sens si légère, si bien… »

    Tu as mis ça sur le compte de la quarantaine, vraiment ?!
    Oui, je me suis dit ça au début. Mais quand j’ai commencé à évoquer ce que je vivais autour de moi, je me suis aperçue que, même passé 40 ans, les gens ne ressentaient pas ce que je ressentais, ils n’avaient pas ce point de vue que j’avais.
    Je n’avais que des amis très cartésiens. Tous étaient pris, comme moi, par la vie active. Pas plus que moi ils ne s’étaient posé de questions métaphysiques ni n’avaient ouvert un livre
    « spirituel » ou de développement personnel… Ils m’avaient toujours connue très speed : à peine arrivée quelque part je voulais déjà être ailleurs. Et là ils me voyaient posée, tranquille tout d’un coup, sereine. Alors ils se réjouissaient pour moi.
    « Tant mieux, tu as l’air bien », disaient-ils. Mais ils n’en savaient pas davantage sur ce que je vivais. Et moi non plus.
    C’est là que je me suis interrogée sur ce qui pouvait bien se passer dans l’invisible, sur ce qui se passait à l’intérieur de soi. J’ai commencé à me renseigner, à entrer dans des librairies, à chercher des livres qui, peut-être, m’expliqueraient un peu ce que je vivais… 

    ≈≈≈≈≈≈≈
    Dans vos paroles vous témoignez d’une ouverture soudaine sans référence ou recherche spirituelles longues. Quelles ont été les circonstances de cet éveil ?

    Un instant a suffit pour voir que tout ce que je croyais être je ne le suis pas. J’ai découvert par moi-même ma véritable nature et depuis je suis dans un étonnement profond. 

    Pouvez-vous nous décrire ce qui a été ressenti pendant cet instant où l’éveil est survenu ?
    Une évidence absolue qui a prie le pouvoir sur tout ce que je croyais être.
    Une force qui a pris le pouvoir sur les trois états (veille, sommeil et rêves) et tout leur contenues.
    C’est la force la plus puissante de l’univers. LE SILENCE GUÉRIT. Ma vision a changé du tout au tout.
    Ce n’est plus moi qui vois avec les yeux de mon corps mais c’est le silence qui voit.
    C’est un état constant libre de penser. En un mot, ma véritable nature n’est pas de penser mais de voir ce corps et ses sens jouer leurs rôles.  

    Que voyez- vous de différent ?

    En fait avant mon attention était focaliser sur le monde et depuis cette rencontre l’attention est focaliser sur LE SILENCE. Donc, que j’ai les yeux ouvert ou fermer, je vois que cela.

    Quel est votre enseignement ?
    L’enseignement de Yolande n’est que l’expression de sa propre expérience et de sa réalisation.
    Une personne réalisé utile son propre langage.
    LE SILENCE est le meilleur langage.
    LE SILENCE est le véritable enseignement.
    LE SILENCE est ma seule référence.