• Irina Tweedie

     

    Irina TweedieNée en Russie en 1907 (-1999), Irina fut élevée à Vienne et à Paris, puis elle s'établit en Angleterre. Troublée par le décès prématuré de son mari en 1954, elle cherche à donner un sens à sa vie. Sa quête l'amène en Inde où, en octobre 1961 à Kanpur, dans la plaine du Gange, elle rencontre un maître soufi dont elle devient immédiatement disciple. Ce maître lui demande de tenir un journal de ses observations. C'est de ce journal que fut tiré ce livre dix ans plus tard. Cette rencontre fut un bouleversement. Alors commence une longue aventure : elle restera un an et demi auprès de son gourou, dont, selon la tradition, on tait le nom. Elle revient trois ans plus tard. Après le décès de son maître en juillet 1965, elle va s'installer dans une retraite de l'Himalaya. (...)


    Question – Pouvez-vous en dire plus sur ce que la mort de votre guru signifia pour vous ?

    Irina Tweedie – La vie spirituelle de chacun d’entre nous est le drame de l’âme. C’est la crucifixion et la résurrection. Ce qui est crucifié, bien sûr, c’est l’ego. La résurrection c’est – j’hésite à le dire – l’Eveil, peut-être. Mais l’Eveil de quoi ou de qui ? Une fois que vous êtes devenu Un, il n’existe pas de « je ». Donc qui est là pour être Eveillé ?

    Nous, soufis, sommes des mystiques. Le mysticisme ne peut être expliqué. Nous parlons de Dieu comme du Grand Bien-Aimé. Nous sommes des amants, et Il est le Bien-Aimé, ou Cela est le Bien-Aimé. Quelqu’un m’a demandé l’autre jour : « Pourquoi disons-nous « Il » en parlant de Dieu ? » Pour moi c’est psychologiquement plus parlant de penser à Dieu en tant que « Il », en raison de l’union avec le Bien-Aimé en méditation profonde. Pour vous, ce sera peut-être « Elle ». Cela n’a pas d’importance.

    A une époque, j’essayais beaucoup d’éviter d’utiliser le mot Dieu , parce que cela limite beaucoup. Dans l’une de mes conférences, je parlai ainsi de l’Absolu », et au moment des questions, une petite femme âgée s’est levée à l’arrière et a demandé : « Madame, qu’est ce que l’Absolu ? ». Depuis, j’hésite à dire ce que Dieu est. Il est préférable de ne pas le nommer…

    Mais il y a des moments de méditation profonde dans lesquels vous et Cela êtes l’amour, Cela vous aime. Cela vous répond. Cela nous apporte une satisfaction absolue. Mais qu’est-ce qui vous apporte cette satisfaction ? Qu’est-ce qui vous répond ? Dieu est le Néant. Mais ce Néant vous aime. Vous êtes aimé et il y a une béatitude incroyable et absolue. Le mental ne peut le connaître. Ces choses ne peuvent être véritablement expliquées. On doit en faire l’expérience. C’est pour cela que nous essayons de méditer – pour atteindre ce moment, ce contact avec cette part éternelle en nous. Cela est la seule vérité. Mais en parler est impossible.

    Question – Pouvez-vous parler de l’éthique spirituelle ?

    Irina Tweedie – Selon l’éthique des soufis, ce que vous faites peut être vu par tout le monde. C’est comme si vous viviez dans une maison de verre. Il n’y a pas de secrets. Cela n’est pas facile, tout ce que vous faites, vous ne le faites pas pour vous-mêmes, mais pour les autres. Si j’aide un être humain, en ce sens que si je suis inquiet à propos de quelqu’un, je vais rester debout toute la nuit pour prier. Il se peut que je souffre d’inconfort si je dois visiter quelqu’un qui ne peut pas venir me voir. Il se peut que je ressente de l’inconfort et parfois du désarroi. Mais tout cela n’est pas que physique. Donc mon corps leur appartient.

    C’est très simple. On n’est pas spécial. On n’est pas magnifique. On comprend mieux, c’est tout. Mais chacun d’entre nous est capable de cela. Et je vous souhaite tous de pouvoir au moins toucher avec des doigts délicats l’ourlet du vêtement de la vérité. J’espère que vous le ferez, parce que la vie devient alors une telle symphonie, une telle musique.

     

    Bibliographie :
    - L'abime de feu, Ed. Charles Antoni-L'Originel, 2002.

    Entretien avec Irina Tweedie.

    Revue Terre du Ciel, no 42, Février-Mars 2003.

     

    Présenté par Charles Antoni, directeur des Editions L'Originel
    Source (et suite) du texte : Eveil impersonnel

     

    « MarigalDavid Ciussi »

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  • Commentaires

    1
    ninic
    Samedi 11 Janvier 2014 à 13:53

    Et je vous souhaite tous de pouvoir au moins toucher avec des doigts délicats l’ourlet du vêtement de la vérité. J’espère que vous le ferez, parce que la vie devient alors une telle symphonie, une telle musique.

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