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L'état d'esprit de l'âme - Alice Bailey (suite de "le sens de l'intégration")
Pendant que toutes ces phases, ces stades, et ces réalisations se succèdent dans la vie de la personnalité, comment se comporte l'âme sur son propre plan ? Pour étudier cette question, il faut tout d'abord reconnaître les trois aspects de la pensée qui se trouvent sur ce qu'on appelle le plan mental : la pensée inférieure concrète, le fils de la pensée, et la pensée supérieure
abstraite.
1. Pensée inférieure concrète. C'est le comportement de [17@511] pensée suivi par le minuscule atome d'âme qui fut initialement "implanté" en manifestation à l'époque où l'homme s'est individualisé.
Au cours de son long cycle d'incarnation, cet aspect est devenu de plus en plus sensible au moi supérieur qui le dominait. Ce moi dit à son aspect incarné : "ayant imprégné la totalité de cet univers avec une fraction de moi-même, je subsiste." 85 c'est l'attirance de ce "moi qui subsiste" et domine qui ramène le petit fragment à sa source originelle.
2. Le fils de la pensée, l'âme, le produit de la méditation de la pensée universelle, l'entité spirituelle ou identité qui pense, perçoit, discrimine, et analyse. Cet aspect de la vie unique a pour caractéristiques la pensée pure, la raison pure, l'amour pur, et la volonté pure. Il est un "seigneur du sacrifice" qui, par l'expérience de ses incarnations, son intégration, et son expression, a entrepris la rédemption de la matière et l'élévation de la substance jusqu'aux cieux. Ces vérités coutumières, ces notions connues de toute antiquité ne sont encore pour le lecteur que de banales théories, mais il lui est loisible de les mettre à l'épreuve en se demandant : que fais-je en tant qu'âme (si tant est que je travaille comme une âme) pour hausser mes gaines matérielles, mes trois véhicules et la substance dont ils sont formés, sur des plans d'expression plus élevés ?
3. La pensée supérieure abstraite, qui joue par rapport à l'âme le même rôle que l'aspect inférieur de l'âme incorporé dans les pétales de la connaissance 86 par rapport à la pensée concrète. Cette pensée abstraite est l'aspect inférieur de la triade spirituelle.
Lorsque l'intégration de l'âme et de la personnalité a eu lieu, l'âme – dans son propre corps, dans sa nature, et sur son propre plan – peut envisager une intégration supérieure, consistant à se lier finalement elle-même à la triade spirituelle. L'accomplissement sur un niveau inférieur rend toujours [17@512] possible l'accomplissement sur un niveau supérieur. Nul accomplissement vraiment supérieur n'intervient avant que, pas à pas, l'aspect inférieur réfléchi n'ait été dominé, utilisé, et reconnu comme un échelon menant à des activités encore supérieures.
On peut résumer brièvement comme suit l'état d'esprit de l'âme durant les processus de l'intégration inférieure.
85 paroles de krishna à arjuna dans la bhagavad gita.
86 la couronne extérieure de pétales du lotus égoïque.
1. Une complète indifférence pendant les stades initiaux du cycle des incarnations. "l'aspect enfoui" de l'âme convient parfaitement à la tâche lente et fastidieuse de faire évoluer les corps, de développer leurs caractéristiques, et d'acquérir l'amère expérience due à l'aveuglement et à l'ignorance. Cette période est de beaucoup la plus longue, et tandis qu'elle s'écoule, l'âme progresse selon les sujets d'intérêt de sa vie propre, à son propre niveau d'expérience, sur son propre rayon, et sous l'influence du maître qui guidera finalement, par des impressions joyeusement acceptées, la pensée de la personnalité en voie de développement. N'oublions pas que ce royaume ou agrégat d'âmes est celui que les chrétiens appellent le royaume de dieu, et les ésotéristes, la hiérarchie spirituelle de notre planète. Rappelons également que sa vie collective a pour dessein d'induire dans la conscience des notions sur la polarisation spirituelle de la vie planétaire.
2. Au fur et à mesure de l'évolution, les trois véhicules, désormais créés, développés et puissants, émettent des vibrations assez intenses pour attirer quelque peu l'attention de l'âme préoccupée. Sa première réaction est une irritation. L'irritation ésotérique n'est pas la mauvaise humeur exprimée par les êtres humains, mais une réaction à un contact– une réaction de déplaisir, ou en d'autres termes une friction.
Cela permet de mieux comprendre l'affirmation selon laquelle la dernière entrave dont un maître se débarrasse est l'irritation. Sa personnalité cesse d'attirer[17@513] son attention. La friction prend donc fin, et il ne reste plus qu'un pur canal par lequel l'énergie spirituelle peut se déverser. L'irritation telle qu'on la comprend en général se produit lorsqu'un tiers empiète sur notre volonté personnelle, notre estime de nous-mêmes, nos idées, et nos plans. Ce n'est pas cette forme d'irritation que les maîtres rejettent.La seconde réaction est celle d'un processus de méditation engendrant une puissance qui sera employée dans les trois mondes pour accroître l'énergie animique dans la forme et pour créer un champ de connaissance peuplé des formes-pensées parmi lesquelles la personnalité s'aventurera ultérieurement. L'âme se prépare donc à se réorienter elle-même par rapport à la vie, à s'exprimer dans les trois mondes, et non à acquérir l'expérience de la vie physique.
3. Lorsque la personnalité devient dominante, l'âme introduit un nouveau facteur dans la vie de son image réfléchie, l'âme incarnée. Elle mobilise et focalise l'énergie du rayon de l'âme et l'amène, par un acte de volonté, en contact direct avec le rayon de la personnalité. Cela produit une action réflexe sur les rayons de l'homme inférieur triple.
Cela les stimule, les éveille, et conditionne le corps éthérique, si bien que les centres par lesquels affluent les rayons de la personnalité, et le centre coronal qui réagit au rayon de l'âme peuvent devenir plus actifs. Le centre frontal, par lequel opère la personnalité, intensifie son
action, et deux événements surviennent :
a. La vie de la personnalité devient de plus en plus puissante et l'homme accroît intensément son individualité.
b. Le centre coronal commence à faire sentir son influence sur le centre frontal, et une ifluence lente et progressive sur le centre coccygien. Toutes les qualités s'affirment, y compris la volonté
personnelle.
4. Voici l'âme engagée dans ce que les ésotéristes appellent [17@514] "un processus d'inversion" qui suscite un grand intérêt chez son reflet dans les trois mondes. Trois événements se produisent :
a. La pensée inférieure concrète devient susceptible d'être illuminée par l'âme.
b. L'énergie du rayon de l'âme afflue de plus en plus intensément dans la personnalité, ce qui aggrave le conflit.
c. L'homme parcourait le zodiaque en allant du bélier au taureau par les poissons. Il fait volte-face et circule alors en sens inverse des aiguilles d'une montre.
Tous ces facteurs produisent dans le sentier des epreuves un violent,conflit qui s'aggrave au moment où l'homme s'engage dans le sentier des disciples. C'est la puissance de la personnalité, dominatrice et dominée, qui provoque une activité karmique intense. Les événements et les circonstances
s'accumulent rapidement et font rage au cours de l'expérience du disciple. La qualité de son entourage est la meilleure qui soit disponible dans les trois mondes. Son activité oscille entre les extrêmes. Il se débarrasse de ses obligations karmiques et paye très rapidement la pénalité des fautes passées.
Cependant les incarnations succèdent aux incarnations, et le processus de la mort se répète entre les cycles d'expérience physique. Toutefois les trois morts – physique, astrale, et mentale – s'accompagnent d'un état de conscience de plus en plus éveillé à mesure que la pensée concrète se développe. L'homme cesse de dériver – endormi et sans connaissance – hors des véhicules éthérique, astral, et mental, et l'abandon de chacun d'eux devient un événement aussi marquant que la mort physique. Finalement arrive l'époque où le disciple sait mourir délibérément, en toute conscience, et abandonne ses divers véhicules en pleine connaissance de cause.
L'âme prend fermement le contrôle. Le disciple provoque sa propre mort par un acte de la volonté de l'âme et sait exactement ce qu'il fait. [17@515]