• Marigal


    propos recueillis par Bruno Solt


    Marigal, chercheur en physique nucléaire, c’est un esprit rationnel. Elle n’était pas prédisposée à vivre une expérience spirituelle. Pourtant, telle une grâce, « cela » lui est arrivé.

    Il est des voix claires, voix de femmes qui sont autant d’invitations au voyage intérieur. Voyage sans itinéraire au cours duquel se révèle la véritable nature humaine. Parmi ces témoignages on pense au journal d’Etty Hillsum, à celui d’Irina Tweedi. Pour Marigal, quelques heures dans un « état de grâce » inattendu furent le point de départ d’une quête personnelle qui, restée jusque-là à l’arrière plan, a pris soudain une forme concrète. Elle raconte son itinéraire intérieur dans un livre, Voyage vers l’insaisissable, témoignage d’une incroyable beauté dans sa simplicité.

    Nouvelles Clés : Au cours de votre vie, rien ne semblait vous destiner à vivre tout ce que vous racontez dans votre livre.

    Marigal : Enfant, j’avais vécu à plusieurs reprises des expériences de modification d’état de conscience. Je ressentais ce processus comme normal. C’était dans l’ordre des choses.
    Le jour où cela s’est à nouveau imposé en moi, je disposais de temps pour m’y consacrer pleinement.
    Un dimanche d’automne à la campagne, quelques amis sont à la maison et, le repas terminé, certains se préparent à faire une promenade dans les bois, d’autres à passer l’après-midi à bavarder devant le feu de cheminée. Je suis dans la cuisine pour effectuer quelques rangements avant de les rejoindre lorsque, soudain, je prends conscience que quelque chose est changé, différent. Tout est net, clair, limpide, immédiat, comme si un voile avait été enlevé, comme si une vitre avait disparu. Je n’ai plus l’impression de regarder autour de moi, le centre du regard a disparu, « je » ne suis plus dans le regard.

    Soudain un voile s'est ouvert, comme si une vitre avait disparu... Je ne suis plus dans le regard... Tous les sens sont clairs, éveillés, sensitifs, l'action a lieu "au bout des doigts" ; la main perçoit les sensations. L'oeil voit, l'oreille entend, mais le mental est silencieux ; il enregistre sans commentaire, sans interprétation, sans prolongement, et la perfection du geste va de pair avec cette absence de raisonnement... Silence profond intensément présent... amour infini qui émane de sa propre nature, irradie de lui-même, de toute chose et de toute vie.

    Les autres, le monde qui m’entoure, le personnage que je suis participent d’une même vie, d’une même substance, sans séparation, sans rupture, dans un même mouvement fluide et harmonieux. Les gestes coutumiers se déroulent d’eux-mêmes, simples, faciles, portés par le silence intérieur intensément présent. Silence et amour infini qui émane de sa propre nature, irradie de lui-même et de toute chose. L’apparence du monde n’a pas changé, mais le monde vit autrement, habité par ce silence et cet amour qui sont le cœur de toute chose et de toute vie. Le personnage (que je suis) n’a pas changé, mais « je » n’est plus dans le personnage, remplacé par ce silence et cet amour qui rayonne et chante à l’infini. J’en suis totalement abasourdie. Je ne comprends pas ce qui a pu se passer : comment l’esprit, sans se diviser, peut-il aller dans deux directions différentes, se rejoindre lui-même et se retrouver UN, Infini à l’infini, béatitude dans la lumière ?
    Et pourtant, c’est tout à fait clair, aussi simple et évident que d’ouvrir et fermer les yeux.
    Cela dure quelques minutes ou quelques heures, et j’essaie de comprendre ce qui se passe, de sentir la manière dont je fonctionne dans ces moments-là.
    Au début, dès que je regarde le processus, il disparaît ; mais en essayant de l’observer d’une façon plus légère - du coin de l’œil - j’arrive à l’apprivoiser. Et, avec un peu d’habitude et de persévérance, cette ouverture est là pour de longs moments : moments de perfection, d’harmonie totale, de félicité qui m’aideront à reprendre pied quand tout, y compris moi-même, semblera se disloquer, voler en éclats ; garde-fou précieux et efficace face aux paradis les plus merveilleux et les enfers les plus abominables. Car si l’on est gratifié des plus grandes béatitudes, on rencontre aussi d’innombrables forces obscures, agressives et terrifiantes, sans formes définies, sans images mais pourtant très concrètes, qui pourraient rivaliser avec tous les démons, dragons et monstres racontés ici ou là, qui cherchent à vous écraser, vous rompre, vous anéantir. Ce serait la terreur absolue si, alors que le corps, le cerveau et la sensibilité passent par toutes sortes d’horreurs, l’esprit en éveil ne restait immobile, intouché.
    Lorsque cet état de conscience s’est imposé en moi, j’ai simplement ressenti un besoin extrême de l’approfondir en me disant qu’un être humain normal doit vivre ainsi. Vivre cet état béatifique où rien ne manque. Tout est à sa place ! Il n’y a rien à ajouter, ni à enlever. Tout prend du relief. C’est une façon différente de se situer dans la vie. À l’époque, j’étais entourée de personnes qui s’intéressaient au bouddhisme, à l’hindouisme, mais aussi à la mystique chrétienne.
    Bien souvent elles parlaient de réalisation, de transcendance, d’effacement de l’ego... autant de concepts qui me paraissaient étranges et ne m’interpellaient guère. Enfant, il me fallait peu de choses pour être émerveillée et je pense que l’on naît avec cette faculté plus ou moins développée. À ceci s’ajoutait une hypersensibilité qui aurait pu être jugée presque maladive. Ce sont ces capacités d’émerveillement et de sensibilité à la vie qui expliqueraient le mieux la préparation à ce bouleversement intérieur...
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